My Raining Stars : la pop à son Momentum
Avec Momentum, son tout nouvel album, My Raining Stars confirme un peu plus sa place à part dans le paysage indie français. Toujours fidèle à ses inspirations britpop, il y insuffle cette fois des intonations plus vaporeuses, aux accents shoegaze. La production élégante signée Casper Iskov donne à l’ensemble une cohérence remarquable. Déjà salué comme l’un de ses meilleurs disques, Momentum s’inscrit dans une dynamique créative intense : après sa participation au projet Meyverlin, Thierry Haliniak poursuit les collaborations en prêtant sa voix et sa sensibilité au projet Tales of Moon.
FRENCH VERSION
Tu as sorti en mars ton nouvel album Momentum. Pourquoi ce choix de titre ?
Il y a plusieurs raisons derrière ce choix. La première n’est pas musicale, mais sportive : ma seconde grande passion, c’est le tennis, et momentum est un terme fréquemment utilisé par les joueurs professionnels pour désigner le tournant décisif d’un match.
La seconde raison est plus personnelle. Ces dernières années ont été marquées par de nombreux bouleversements dans ma vie, et j’ai pris des décisions assez radicales qui m’ont amené à vivre davantage dans l’instant présent, au jour le jour.
Je trouvais que cette idée résonnait également avec la pochette du disque : une vieille photo, témoin de ces instants simples mais essentiels de la vie.
L’album ne contient que des nouvelles compositions ?
Non, il y en a aussi quelques-unes plus anciennes. J’avais accumulé un grand nombre de démos au fil du temps, et pendant la préparation de l’album, j’en ai réécouté certaines. Il m’a semblé que quelques-unes méritaient une seconde vie, avec une production à la hauteur. Je voulais, d’une certaine manière, leur offrir une véritable chance d’exister.
Concernant la production, le multi-instrumentiste Casper Iskov semble avoir joué un rôle majeur sur ce disque
J’avais été très satisfait de son travail sur l’album précédent, 89 Memories. C’est un musicien extrêmement talentueux, doté d’une grande sensibilité et d’une rapidité de compréhension impressionnante. Comme nous partageons les mêmes références musicales, je n’ai quasiment pas besoin de lui donner de directives : il cerne immédiatement le son que je recherche. Travailler avec lui est à la fois une chance et un véritable privilège.
Une anecdote à son sujet : je lui ai un jour demandé si cela valait la peine de lui envoyer les grilles d’accords de mes morceaux, tant il me semblait avoir une oreille incroyable. Très humblement, il m’a répondu que ce n’était pas nécessaire… car il avait l’oreille absolue (rires).
Sur les titres de Momentum il a rejoué les parties de basse et de batterie, et a également repris toutes les guitares rythmiques, en leur apportant un meilleur son et un groove remarquable. Nous avons effectué le mix ensemble. Je dois avouer que j’ai été un peu plus exigeant à ce sujet : il y avait entre cinq et dix versions différentes pour chaque titre.
Il a d’ailleurs réussi à me convaincre de réduire la réverbe sur ma voix. J’étais d’abord réticent, mais avec le recul, ce choix donne un rendu plus direct, plus sincère.

On retrouve toujours des titres imprégnés de britpop, mais, fait nouveau, certaines intonations shoegaze se font entendre, notamment sur l’excellent Stop the Time
Ce qui est intéressant avec ce morceau, c’est qu’à l’origine, je l’avais imaginé comme une ballade dans l’esprit d’Embrace, un groupe que j’admire. C’est en travaillant les arrangements qu’il a naturellement pris cette direction shoegaze. C’est d’ailleurs, très clairement, le titre que les auditeurs préfèrent.
En réécoutant le résultat, je me suis dit qu’un ancien morceau comme The Way Things Turn aurait largement mérité le même type de traitement sonore. Ce n’est d’ailleurs pas exclu que j’en propose une nouvelle version un jour.
Cela dit, je ne sais pas si je vais m’engager davantage dans cette voie car, au fond, je reste profondément attaché à la pop indé, à la britpop, c’est vraiment là que réside mon ADN musical.
Penses-tu que cet album soit le plus abouti que tu aies réalisé ?
C’est une question que je me suis moi-même posée. D’après les retours que j’ai reçus, beaucoup considèrent que c’est mon masterpiece. Sur le plan de la production, c’est clairement le projet le plus abouti. En revanche, si l’on parle de la qualité de composition, c’est plus difficile à évaluer. Il faudrait comparer les anciens morceaux avec un niveau de production équivalent pour juger objectivement.
Tu as signé avec l’excellent label américain Shelflife. Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour ?
Sur mon précédent album, j’avais composé une chanson intitulée Behind Her Lovely Smile, en hommage à la compagne d’un ami récemment disparue. Au-delà de la charge émotionnelle, ce morceau lui a particulièrement plu, au point de me recommander vivement de l’envoyer au label Shelflife. Il était convaincu qu’ils sauraient l’apprécier.
Je connaissais déjà Shelflife et les avais d’ailleurs contactés à l’époque de mon premier EP autoproduit, sans retour à l’époque, ce que je comprends rétrospectivement, car mes morceaux n’étaient pas encore très aboutis.
C’est sur ce titre que j’ai collaboré pour la première fois avec Casper. Il trouvait dommage que la chanson repose sur une boîte à rythmes, et m’a proposé de réenregistrer les parties de batterie et basse et d’en assurer le mixage. Grâce à cette nouvelle production, plus aboutie, le morceau a gagné en impact.
Cette fois, le label s’est montré enthousiaste et m’a proposé de sortir l’album avec eux.

On sait que la scène n’est pas vraiment ton terrain de prédilection. Pour autant, envisages-tu de défendre ce disque en concert ?
Je préfère de loin consacrer mon énergie à la composition, c’est là que je prends vraiment du plaisir.
Pour le premier album, on s’était préparés pendant un an dans l’optique de faire quelques dates. Le premier concert a été un désastre. J’ai été très déçu de mon attitude sur scène, de mon niveau de chant… On voyait clairement que je n’étais pas à l’aise, et au final, je n’ai ressenti aucun plaisir. Ce fut à la fois le début et la fin de mon retour sur scène (j’avais déjà fait des concerts dans les 90’s)
Je crois que tu travailles déjà sur un prochain album. Sera-t-il dans la même tonalité que Momentum ?
Non, l’album sera différent, car les arrangements seront faits par mon ami Didier Frahier d’E-grand, qui avait déjà arrangé le premier album de My Raining Stars. Casper va quand même refaire les batteries et les basses. J’ai envoyé pas mal de titres à Didier, et il en a choisi neuf. Il est très fan des Smiths donc il devrait y avoir beaucoup d’arpèges et de guitares cristallines.
Le label Too Good To Be True vient de dévoiler un extrait de l’EP de Tales of Moon, un projet que tu partages avec Olivier Boutry et Maud Platiau-Bourret. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est Olivier qui nous a proposé, à Maud et moi, de poser des voix lead sur certains de ses instru. Il nous en a envoyé quelques-uns, qui nous ont tout de suite plu et inspirés pour l’écriture des lignes vocales. Nous avons chacun interprété deux morceaux (l’EP en comptera six au total), avec à chaque fois l’un des deux autres en backing vocaux.
Olivier s’est chargé de toute la partie musicale : composition, enregistrement et mixage. De mon côté, je me suis contenté de lui suggérer quelques ajustements mineurs, mais je n’ai rien enregistré moi-même. Le tout s’est mis en place assez rapidement, et TGTBT a immédiatement accroché au projet, décidant de le sortir sans attendre.
Merci à Thierry Haliniak de nous avoir accordé cet entretien.
ENGLISH VERSION
With Momentum, their brand-new album, My Raining Stars further cements their unique place in the French indie scene. Still loyal to their britpop influences, this time they bring in more ethereal, shoegaze-tinged nuances. The elegant production by Casper Iskov gives the album a remarkable sense of cohesion. Already hailed as one of their best records, Momentum is part of a creative surge: after taking part in the Meyverlin project, Thierry Haliniak continues to collaborate by lending his voice and sensitivity to the Tales of Moon project.
You released your new album Momentum in March. Why that title?
There are several reasons behind that choice. The first one isn’t musical but rather sports-related: my second big passion is tennis, and “momentum” is a term often used by pro players to describe the turning point of a match. The second reason is more personal. These past few years have brought a lot of upheaval in my life, and I made some pretty radical decisions that led me to live more in the moment, day by day.
I also thought the concept resonated with the album cover: an old photograph, capturing those simple yet essential moments in life.
Is the album made up entirely of new songs?
Not entirely—some are older. I had built up quite a collection of demos over time, and during the album’s preparation, I revisited a few of them. Some really stood out and deserved a second life, this time with the production quality they needed. In a way, I wanted to give them a real chance to exist.
Speaking of production, multi-instrumentalist Casper Iskov seems to have played a key role on this record.
I was already very happy with his work on the previous album, 89 Memories. He’s an incredibly talented musician with great sensitivity and a phenomenal ability to grasp what I’m aiming for. We share the same musical references, so I hardly need to explain anything—he instantly understands the sound I want. Working with him is both a privilege and a stroke of luck. A little anecdote: I once asked him whether it was worth sending him chord charts for my songs, since his ear seemed so sharp. He humbly replied it wasn’t necessary… because he has perfect pitch (laughs). On Momentum, he replayed all the bass and drum parts and re-recorded all the rhythm guitars, giving them a cleaner sound and a remarkable groove. We mixed the album together. I have to admit I was a bit more demanding this time—each track went through five to ten different mix versions. He also convinced me to dial down the reverb on my vocals. I was hesitant at first, but looking back, that choice gives the songs a more direct and honest feel.
There are still plenty of britpop-infused tracks, but new shoegaze tones emerge—especially on the excellent Stop the Time.
What’s interesting about that track is that I originally imagined it as a ballad in the style of Embrace, a band I really admire. But as we worked on the arrangements, it naturally evolved into something more shoegaze. It’s also, quite clearly, the listeners’ favorite track. After hearing the final version, I thought an older song like The Way Things Turn would have really benefited from a similar sonic treatment. It’s not out of the question that I might revisit it one day. That said, I don’t know if I’ll go further down the shoegaze path, because at heart, I’m still deeply attached to indie pop and britpop—that’s really the core of my musical identity.
Do you think this is your most accomplished album?
That’s a question I’ve asked myself, too. Based on the feedback I’ve received, many consider it my masterpiece. In terms of production, it’s definitely the most polished project I’ve done. As for songwriting, it’s harder to judge. To be fair, you’d have to compare the older tracks with the same production quality to really assess that.
You’ve signed with the excellent American label Shelflife. How did that collaboration come about?
On my previous album, I wrote a song called Behind Her Lovely Smile, in tribute to the partner of a friend who had recently passed away. Beyond its emotional weight, the song really resonated with him—so much so that he strongly encouraged me to send it to Shelflife. He was convinced they’d appreciate it.
I already knew of Shelflife and had actually contacted them back when I released my first self-produced EP. I didn’t hear back then, which I now understand—my songs weren’t quite ready. That track was my first collaboration with Casper. He thought it was a shame the song relied on a drum machine and offered to re-record the drums and bass himself and handle the mixing. Thanks to that improved production, the track really gained impact.
This time, the label responded enthusiastically and offered to release the album.
You’re known for being more comfortable in the studio than on stage. Do you see yourself performing this album live?
I definitely prefer focusing my energy on songwriting—that’s where I find real joy. For the first album, we spent a year preparing to play a few shows. The first concert was a disaster. I was really disappointed with my stage presence, my singing… It was obvious I wasn’t comfortable, and I didn’t enjoy it at all. That was both the beginning and end of my return to performing live (I had done shows in the ‘90s).
I hear you’re already working on your next album. Will it follow the same direction as Momentum?
No, it’ll be different, as the arrangements will be done by my friend Didier Frahier d’E-grand, who also arranged the first My Raining Stars album. Casper will still handle drums and bass, though. I sent Didier a bunch of tracks, and he picked nine. He’s a big Smiths fan, so expect a lot of arpeggios and jangly guitars.
The label Too Good To Be True just unveiled a preview of the Tales of Moon EP—a project you share with Olivier Boutry and Maud Platiau-Bourret. Can you tell us more about it?
Olivier invited Maud and me to record lead vocals on some of his instrumentals. He sent us a few tracks, and we were immediately inspired—they really sparked the writing process for our vocal melodies. We each performed two songs (the EP will include six in total), with one of us providing backing vocals on the other’s tracks. Olivier handled all the music: composition, recording, and mixing. I only suggested a few minor tweaks—I didn’t record anything myself. Everything came together quite quickly, and TGTBT instantly connected with the project and decided to release it without delay.
Thanks to Thierry Haliniak for granting us this interview.