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Un Miossec de 25 ans d’âge.

« Boire », opus fondateur de Miossec, fête ses 25 ans: drôle d’histoire que ce disque de la dernière chance pour son auteur, dont l’écriture à l’os a irrigué la chanson française.

« J’ai l’impression que quelque chose n’existait pas qui, aujourd’hui, est présent un peu partout », dit joliment à propos de l’influence de cet album Bertrand Dicale, journaliste spécialiste de la chanson française, dans le livret de la réédition de « Boire ».

Quand Miossec envoie sa K7 aux maisons de disques et à la presse, c’est « une bouteille à la mer », comme il se souvient pour l’AFP. L’homme, alors trentenaire, a largué tous ses boulots précédents – du désamiantage de bateaux au journalisme – et est revenu vivre chez ses parents.

« C’était le bout du rouleau, je n’avais plus d’appart’, plus de voiture, juste mes instruments: si ça ne marchait pas dans la musique, un boulot pouvait m’attendre à Mayotte mais je n’avais même plus l’argent pour les billets… (rires) ».

La K7 capte l’attention des Inrocks qui la placent dans leurs coups de cœur, alors que l’album n’est pas encore sorti. Pias, label belge indépendant, signe le Breton. « Pour moi, ce disque n’allait être qu’un feu de paille, un premier disque qui disparaîtrait dans la nature, mais au moins ç’aurait été fait », glisse aujourd’hui Miossec.

« Ne pas être consensuel »

Mais « Boire » marque les esprits. Musicalement, d’abord, puisque Miossec prouve qu’avec seulement des guitares sèches et pas de batterie, on peut quand même faire gronder le tonnerre. « L’idée était de ne pas sonner comme un groupe de rock français de plus, d’avoir une couleur particulière, de ne pas être consensuel », décortique le musicien.

« Et puis, c’est lié aux contraintes: dans ma chambre, chez mes parents, il n’y avait pas de place pour une batterie (rires) ».

Le coup de génie du producteur Gilles Martin est de coller à la maquette d’origine, sans chercher à enrichir la texture musicale. « Si on avait signé chez une major, un gros label, jamais on aurait pu rester aussi +pauvre+ (rires), cette petite K7 a servi de maitre étalon en studio », s’amuse Miossec.

Les textes cinglent: « Je vous téléphone encore ivre mort au matin/Car aujourd’hui c’est la Saint-Valentin/Et je me remémore notre nuit très bien/ Comme un crabe déjà mort » (« Non, non, non, non, je ne suis plus saoul », chanson qui ouvre l’album).

« On a l’impression que les textes sortent du chapeau, mais non, c’était très laborieux (rires), depuis 1991 je les travaillais… une chanson, c’est dans le son, dans l’air, pas sur le papier, ça ne se lit pas », décrit l’auteur-compositeur-interprète.

– « On était le bordel » –

Miossec deviendra plus tard une des plumes les plus recherchées. Lui qui reprenait à sa façon – déglinguée – « La fille à qui je pense » de Johnny Hallyday, dans « Boire », finira d’ailleurs par écrire, entre autres, pour le rockeur préféré des français.

Salué par la critique, « Boire » envoie Miossec et ses musiciens sur les routes. L’artiste et ses comparses s’enferment dans leurs personnages fêtards-provocateurs et les concerts tournent parfois au chaos.

« On ne recherchait pas le bordel, on était le bordel (rires). On était une sacrée bande, on avait du niveau (rires), dans les festivals où on allait, il y avait plein de groupes sur-équipés, mais on leur faisait peur avec nos guitares et nos tambourins (rires) », dépeint Miossec.

Ironie de l’histoire, alors que le groupe de Miossec va longtemps « conjuguer le verbe boire à tous les temps (rires) », comme le chanteur en convient, il apprendra plus tard qu’il souffre d’une maladie orpheline et que l’alcool peut devenir « handicapant ». Miossec est aujourd’hui sobre.

Mais assoiffé de scène: il part pour 42 concerts dans des salles modestes pour jouer « Boire », en entier, dans l’ordre des chansons, arrosé de « Falaises ! », mini-album réalisé avec sa compagne Mirabelle Gilis pendant le confinement (Columbia/Sony Music, qui sort également le 19 septembre).

Même si le contenu musical de cette réédition reste le même (pas de versions démo, ou autres fonds de tiroirs), le label [PIAS] a souhaité apporter des améliorations au niveau du son et du visuel :

« Grâce aux moyens techniques disponibles aujourd’hui, un soin particulier a été apporté au remastering, d’après le master original, afin de supprimer tout souffle, d’améliorer la dynamique, ainsi que le rapport signal/bruit, et enfin de mettre en valeur certaines fréquences, tout en veillant à bien conserver l’esprit originel de l’enregistrement.

Un soin tout aussi particulier a été apporté à la gravure des laques pour obtenir le meilleur rendu musical par une gravure plus en profondeur et donc un son avec plus de relief.

Un nouveau scan THD de la photo originale a été réalisé pour donner une profondeur inédite à ce cliché immortalisé par Richard Dumas.

Enfin cette version sera accompagnée d’un magnifique livret enrichi de photos inédites et de nombreux témoignages de personnalités et de fans que cet album a touché, ému, marqué« 

(AFP, publié le mercredi 16 septembre 2020 à 09h53)

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