Entretiens

Eric Di Meco : défenseur supersonic

Eric Di Meco, l’ancien footballeur reconverti en commentateur sportif, mène avec enthousiasme Osiris, son groupe tribute d’Oasis. Accompagné de ses quatre compères, le défenseur légendaire de l’OM nous fait revivre les grandes heures de la britpop en reprenant sur scène les tubes légendaires des frères Gallagher. Rencontre avec un passionné de musique, qui a troqué ses tacles glissés contre des accords barrés.

Ton intérêt pour la musique existe-t-il depuis toujours ?

Oui, la musique a toujours été présente dans ma vie. Comme cela arrive souvent c’est mon grand frère qui m’a initié à la musique car j’écoutais ce qu’il écoutait. Ça allait de la variété française, pour laquelle je n’ai jamais trop accroché, à des artistes comme les Beatles, les Stones et surtout David Bowie que j’ai particulièrement aimé et suivi tout au long de sa carrière. Dans les années 80, j’étais fan de Police et Level 42, deux groupes qui ont comme caractéristique commune d’avoir des chanteurs qui sont également bassiste du groupe, ce qui est pour moi une véritable prouesse. Et puis au début des années 90, je suis arrivé assez rapidement vers le rock Californien, en écoutant beaucoup de groupes comme Rage Against The Machine et surtout les Red Hot Chili Peppers que j’ai découvert fin des années 80, avec leur quatrième album Mother’s Milk. Ce que j’aime chez eux c’est que leur musique repose en grande partie sur la rythmique basse/batterie. J’étais aussi complètement fasciné par Flea, qui pour moi est LE bassiste hero, capable de jouer aussi bien en slap, qu’aux doigts. 

Pourquoi avoir choisi de jouer de la la basse ?

J’ai très tôt ressenti le besoin de pratiquer un instrument de musique, et un des mes regrets c’est de ne pas avoir grandi dans une famille où l’on pouvait avoir accès à un instrument de musique. J’aurais vraiment aimé que l’on m’initie à la musique étant gamin. Quand je suis entré au centre de formation de L’OM, j’avais 16 ans, et à cette époque, je partageais ma chambre avec un autre jeune joueur, qui pratiquait la batterie. C’est à ce moment-là que j’ai acheté ma première basse, parce que j’étais fasciné par le son de cet instrument, et que cela me semblait plus facile d’accès que la guitare. Dans un morceau, la plupart des gens identifie naturellement le chant, la mélodie, moi c’est la ligne de basse. Les premiers morceaux que l’on essayait de rejouer étaient ceux de Police. En 94, je signe à Monaco, et je commence sérieusement à bosser sur des tablatures des Red Hot Chili Peppers. J’ai débuté avec les titres les plus simples comme Under The Bridge. Je commençais à m’investir sérieusement dans cet instrument et pour la petite anecdote, quand on part à Clairefontaine, puis en Angleterre pour l’euro 96, j’avais pris ma basse avec moi, et au lieu de jouer aux cartes ou au baby foot avec les autres joueurs, je montais dans ma chambre faire mes gammes. Je progressais et je ne voulais pas rester deux mois sans jouer.

Flea après avoir mangé trop de peppers

Comment consommes-tu de la musique, tu achètes encore des vinyles ?

Je suis un bon client d’itunes, j’ai un abonnement et j’achète pas mal d’albums sur la plateforme. Mais récemment je me suis remis à acheter des vinyles parce que je suis en train d’aménager une pièce pour écouter de la musique. Je trouve ça normal d’acheter les albums, que ce soit celui de Liam et John Squier ou celui d’un petit groupe vu en concert. Avant, j’avais beaucoup de vinyles mais lors d’un de mes innombrables déménagements ils ont été perdus. Donc là je rachète des vinyles que j’avais à l’époque, uniquement ceux qui sont vraiment importants pour moi.

Avant de monter Osiris, tu as eu l’occasion de jouer dans des groupes ?

Quand j’arrête ma carrière en 98, je monte un groupe avec un copain guitariste, avec qui je bossais la basse. On était accompagnés d’un batteur et d’un guitariste qu’il connaissait. A l’époque on répétait dans L’hôtel de la musique à Marseille, c’est un lieu un peu magique qui propose des studios de répétitions, et aussi une scène pour les artistes locaux. On a rencontré beaucoup de groupes là-bas et on s’est incrustés en tant que première partie dans pas mal de concerts rock de la région. On jouait quatre reprises de quatre groupes différents : Red Hot Chili Peppers, Rage Against The Machine, Pearl Jam, et Deftones. On a tourné comme ça pendant trois ans.

La musique est très présente dans le quotidien des footballeurs, dans les vestiaires, aux échauffements, … c’était le cas quand tu étais joueur ?

Non pas du tout, même quand j’ai terminé ma carrière il n’y avait pas autant de musique, et c’est vrai que maintenant c’est devenu un levier de préparation et une manière de se concentrer pour beaucoup de joueurs. L’émergence du rap et ses connexions avec le foot a beaucoup joué également.

Tu peux encore écouter Jump de Van Halen ?

L’entrée des joueurs au stade vélodrome avec Jump ça a toujours été pour moi un moment particulier, et encore aujourd’hui quand j’entends ce morceau ça me procure une sensation particulière, en plus je pense qu’on a été les premiers en france à avoir une musique d’entrée dans le stade, et même si je suis pas un fan de Van Halen, cette musique me procure toujours des frissons. Et ce n’est pas dû au fait que la musique soit dynamique. Quand je commentais le championnat anglais, j’allais souvent à Old Trafford pour voir Manchester United, et l’entrée des joueurs se fait sur un morceau calme des Stone Roses, This is the one, et pourtant c’est aussi un moment très fort.

The Smiths United

Il existe un lien très fort entre les groupes anglais et les équipes de foot, est-ce aussi le cas en France ?

Même s’ il y a des artistes français qui sont fans de leur club de cœur, ça n’a vraiment rien à voir avec l’Angleterre, chez eux le foot et la musique c’est dans les gênes. Récemment, nous sommes allés jouer en Ecosse avec Osiris : il y avait des gamins de 20 ans qui ont chanté toutes les paroles de la première à la dernière minute, et quand les solos rentraient parfaitement ils criaient comme si il y avait un but, c’était dingue ! Et pareil pour le foot, en 2014, lors d’un match de premier league, je rencontre 4 jeunes de Liverpool, on commence à parler des joueurs des années 70, Kevin Keegan, Kenny Dalglish, … et bien ils les connaissaient tous. En fait, ils m’ont expliqué qu’à l’école ils ont carrément des cours pour connaître l’histoire de leur club. A Liverpool pour t’expliquer combien la ville est ancrée dans le foot, chaque année il y a une course de père Noël dans la ville. Mais les supporters d’Everton ne veulent surtout pas porter les couleurs de Liverpool, alors on voit courir dans les rues des types déguisés en père Noël bleus (rires)

Tu as connu Oasis pendant la période Britpop ?

En fait, je suis passé à côté de l’Oasis mania au début des années 90. Je connaissais bien sur les tubes Supersonic, Wonderwall, … et les histoires dans les journaux sur les frangins Gallagher, mais quand on a commencé le tribute, je me suis mis à lire des bouquins sur eux, à voir des concerts, des reportages, et là j’ai pris une claque. Je me suis rendu vraiment compte du phénomène, parce que ce qu’ils ont fait en l’espace de 4 ans, surtout sur les premiers albums, c’est quand même impressionnant.

Quand Eric rencontre Noel

Tu as déjà pu rencontrer des membres d’Oasis ?

Quand on lui posait des questions sur les joueurs de Manchester City qui l’avaient marqué, Noël citait souvent Ali Benarbia, un joueur que je connaissais car j’avais joué avec lui à Martigues et à Monaco. Je l’ai donc appelé pour lui expliquer que j’avais monté un tribute sur Oasis, et Ali m’apprend qu’il était en contact avec lui, c’est comme ça que j’ai pu le rencontrer. Ça s’est fait après une demi-finale de ligue des champions contre le Real de Madrid. On a plus parlé de foot que de musique, il était surpris qu’un ancien joueur monte un tribute sur Oasis, je lui ai offert un maillot de l’OM et un t-shirt d’Osiris. Maintenant j’aimerais rencontrer Liam, et je compte sur Cantona pour me le présenter, il le connaît car il a joué dans le superbe clip Once.

Tu es plutôt Liam ou Noel ?

Au départ, j’étais plus fasciné par Liam, c’est le front man, la rock star, la personnalité du groupe, j’aimais bien son côté branleur, arrogant. Mais quand tu vas un peu plus en profondeur dans l’histoire du groupe, et même si les influences sont clairement revendiquées, Beatles, Stones, Stone Roses …,  tu te rends compte que Noel est un formidable songwriter.

Est-ce qu’il y a d’autres groupes de la britpop que tu apprécies également ?

Même s’ils sont moins connus que Oasis ou Blur, j’adore les Stone Roses. A Glasgow, on a joué avec Resurrection Stone Roses Tribute, je les ai trouvé tellement bons que je voudrais qu’ils fassent notre première partie quand on jouera au Petit bain à Paris. Les Stone Roses les ont adoubés et leur bassiste Mani a même joué avec eux.

Le règne d’Osiris (Photo Flo Guerrini)

Comment ce projet de tribute d’Oasis a-t-il débuté ?

Le journaliste Christian Jeanpierre faisait partie d’un groupe, et chaque année il organisait un concert caritatif à l’Olympia avec des guests. Ca faisait plusieurs années qu’il me demandait d’y participer, et en 2017 j’ai accepté. J’ai joué un morceau des Rolling Stones devant 2000 personnes, j’ai pris mon pied comme pas possible, et quand je suis descendu de scène, je me suis dit qu’il fallait que je monte un groupe. J’ai rapidement trouvé les musiciens mais il manquait un chanteur. J’ai passé une annonce à la radio et Axel, un jeune qui pourrait être mon fils, m’a contacté. On lui a fait passer une audition sur des morceaux d’AC/DC, de Marilyn Manson, et quand il a commencé à chanter un titre d’Oasis on s’est tous retournés, en fait il était fan du groupe, il connaissait toute leur discographie, et il avait le truc de Liam par rapport aux intonations, à la façon de chanter, mais sans le singer. Et à l’époque, j’étais assez fasciné par le phénomène des tribute, qui commençait à bien se répandre en France. J’avais notamment vu un reportage sur le tribute band God Save The Queen, qui remplissait l’Olympia, et j’avais vraiment envie de faire ça. J’ai cherché un nom de scène qui commence par O, termine par S et qui soit court, c’est comme cela qu’Osiris est né.

Si tu avais eu le choix entre une carrière de footballeur ou être membre d’un groupe de rock qu’elle aurait été ta destinée ?

Je ne changerais ce que j’ai fait pour rien au monde. Je suis tombé dans le foot quand j’étais gamin, quand tu commences sur un petit stade en terre battue à côté de ta maison dans un village du Vaucluse, et que tu termines en jouant au plus haut niveau, tu ne veux pas changer ça. Mais ce que je fais en ce moment, c’est à dire m’amuser avec des potes, dans des conditions pro, parce qu’on fait de belles scènes, me permet d’assouvir pleinement ma passion, et ça suffit à mon bonheur.

Merci à Eric Di Meco de nous avoir accordé cet entretien.

Prochaines dates d’Osiris :

  • Le 06 avril à Villiers sur marne
  • Le 18 mai à Lievin
  • Le 01 juin à Saint cloud
  • Le 19 juillet à Magland
  • Le 13 novembre à Paris

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