Entretiens

Gami : Pop origamique

Capucine Trotobas, accompagnée de ses deux acolytes, Rémy Bernard (guitariste) et Judi Massonnat (batteur), nous invite dans l’univers onirique de Gami, alternant moments de douceur électronique et de tension rock. Compositrice et multi-instrumentiste, elle exorcise ses douleurs à l’âme, et se livre sans pudeur au travers de textes personnels. Artiste multi-facettes, on la retrouve également à la tête d’une chorale gospel, et collaborant au projet atypique de Martin Mey, le “Minimum Ensemble”.

Comment s’est formé le groupe ?

A la base c’est un projet que j’avais créé quand j’ai passé mon Diplôme d’Etude Musical en musique actuelle au conservatoire. Il fallait proposer vingt minutes de composition, j’ai monté le groupe avec quatre autres musiciens et on a présenté quatre titres lors de l’examen. La plupart de mes musiciens sont ensuite montés à Paris pour différents projets, on s’est alors retrouvés à trois et j’ai dû réarranger les morceaux pour un trio : formation qui était aussi plus facile à présenter pour se produire sur scène.

D’où provient le nom Gami ? 

Ca vient de origami, les petits pliages en papier japonais. J’en fais beaucoup pour me déstresser, penser à autre chose, et le projet est un peu lié à cela également : parler des choses qui me tiennent à cœur, qui ont besoin de sortir.

Tous les membres du groupe participent-ils à l’écriture des titres ?

Non, c’est moi qui compose tout. En général, quand j’arrive en répétition avec une nouvelle composition, j’ai déjà écrit toutes les parties : guitare, basse, batterie et clavier. Je fais toujours une première répétition avec Rémy Bernard qui m’aide à mettre de l’ordre, à épurer les morceaux. Judi Massonnat est plus un musicien-interprète, et même s’il y a pas mal d’échanges entre nous, il n’intervient pas dans la composition, ni dans les arrangements.

Si tu devais définir ta musique

C’est une question à laquelle j’ai toujours du mal à répondre … Il y a beaucoup d’influences dans ce que je fais, c’est un style un peu hybride, difficile à définir, donc je dirais pop/rock, c’est ce qui s’en rapproche le plus.

Crédits Marie Vdh

On retrouve sur certains titres, des sonorités proches de celles que l’on peut entendre chez Massive Attack. Le trip hop est-il une de tes influences ?

C’est marrant que tu me donnes cette référence-là parce que Make A Path je l’ai composé en partant d’une reprise de Teardrop. Effectivement, j’aime beaucoup Massive Attack. On me parle aussi souvent de Morcheeba alors que c’est un groupe que j’ai découvert il y a juste un ou deux ans. Mais je ne me suis jamais vraiment plongée dans le mouvement trip hop et ça ne fait pas partie de mes influences principales.

On retrouve souvent dans les textes le thème de la souffrance : sont-ils autobiographiques ?

Oui c’est très autobiographique. La plupart des textes correspondent à une période d’angoisse et de dépression qui a été très difficile à vivre. En parler dans mes chansons m’a aidé à accepter cette situation, d’aller au-delà. J’essaie de me dire qu’il y a beaucoup de gens qui sont dans ces situations-là, souvent tabous, alors que ce sont des maux comme les autres. Cela peut peut-être aussi aider les personnes qui vivent également ces moments-là. On passe par différents stades, de découragement, de colère et ce que je dis dans mes textes se ressent aussi je pense dans ma musique, notamment par son côté évolutif. 

Est-il plus simple de chanter des textes aussi personnels en anglais ?

Non, parce que je n’ai pas honte de ce dont je parle dans mes textes, c’est même plutôt une fierté, et j’aimerais qu’il y ait plus de gens qui comprennent mes textes. Mon père est aussi musicien et je l’ai suivi depuis que je suis gamine. Il a toujours joué du jazz, du gospel, et pratiquement que de la musique anglo-saxonne. C’est plus facile pour moi d’écrire en anglais parce que j’ai toujours chanté dans cette langue, et j’arrive mieux à m’exprimer en anglais qu’en français.

Tu as d’autres projets à côté de Gami ?

Je suis dans le gospel depuis que je suis petite, mon père a toujours baigné là-dedans, et j’ai eu l’opportunité de remplacer une chef de chœur il y a 5 ans dans le groupe Marseille Gospel Evidence. Nous sommes une trentaine, ça se passe très bien et il y a une super ambiance. Je participe également au projet de Martin Mey, le “Minimum Ensemble” : pendant le confinement, la boîte de production qui travaille avec lui a créé des podcasts d’interviews de leurs artistes, avec le Minimum Ensemble, on reprend ces podcasts et on les met en musique.  On est à quatre voix et c’est de l’électro minimal. Pendant le concert, des extraits sonores issus des podcasts dialoguent avec la musique live, c’est  particulier, assez immersif, et les spectateurs qui en ressortent sont souvent chamboulés. C’est très fort ce qui se dégage de ce spectacle et je suis très fière d’en faire partie. 

Le clip du single Don’t know est en animation : pourquoi ce choix ?

J’avais écrit tout le scénario du clip, et je me suis rendue compte que ce n’était juste pas possible techniquement de tourner ça en vrai. Du coup, j’ai eu l’idée de le faire en animation, ça donne une autre couleur, un côté plus enfantin. j’ai fait appel à un copain, Thibault Trincklin, qui est illustrateur, et on a monté une équipe. Le projet a mis un an pour se faire. Comme il y avait plus d’illustrateurs que d’animateurs, cela donne une touche plus artistique à l’ensemble, et moins film d’animation comme on peut le voir souvent.

Quelle va être la suite de l’EP Make A Path : un album, défendre les titres sur scène,… ?

Pour le moment, j’aimerais agrandir notre fan-base, que l’on nous reconnaisse un petit peu plus, et cela passe par la scène, notamment pendant des festivals cet été. Je souhaiterais que cela nous amène à trouver un entourage professionnel proche, comme un tourneur, un éditeur, un manager, pour pouvoir faire un prochain EP ou album dans d’autres conditions que l’autoproduction. Il faudrait que l’on tourne aussi en dehors de notre région, pour se confronter à un public qui ne nous connaît pas, c’est un autre challenge et ça met une autre pression. Mais ce n’est pas simple car les salles ont eu beaucoup de reports avec le covid, et il n’y pas énormément de places pour les groupes émergents.

Merci à Capucine Trotobas de nous avoir accordé cet entretien.

https://gamimusic.bandcamp.com/

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